La durabilité n'est pas l'une des qualités intrinsèque d'un objet technique ou d'un territoire. Pour qu'il y ait durabilité effective d'un territoire, il est nécessaire que celui-ci potentiellement durable, soit compris comme recelant ces potentialités de durabilité que seule la pratique peut faire émerger et rendre, dans les faits, effective. Partant de cela, les espaces périurbains des villes moyennes de France peuvent être considérés comme possiblement durables, selon ce qu'en font les individus dans leurs pratiques quotidiennes, sur lesquelles nous mettons l'accent dans cette restitution des premiers pas d'une recherche. Celle-ci vise à connaître la mobilité des habitants et usagers du périurbain tourangeau comme possible révélateur, par les justifications que donnent ces personnes de leurs déplacements en lien avec leurs localisations (logement, travail…), de la durabilité potentielle de ce territoire. Les justifications recueillies, les explications données relatives à ces déplacements, comme celles relatives aux lieux, permettent de saisir le rapport à l'espace des personnes enquêtées, leur habiter comme déclinaison géographique du concept heideggérien. De là, il devient possible de tracer les contours de figures des modes d'habiter mobiles décelables à partir de la forme des parcours visualisables grâce aux données obtenues par GPS, comme dans les discours de justification de cette mobilité. Nous présentons dans un premier temps les rapports étroitement imbriqués entre habiter et mobilité émergeant nécessairement dans le cadre d'une recherche qui croise la question de la durabilité d'un territoire avec celle d'un individu qui le pratique. Ce couplage implique ensuite la mise en oeuvre d'une méthode mobilisant à la fois le GPS pour la précision de l'observation spatiale et quantitative des déplacements effectués et l'entretien semi-directif pour capter les éléments de justification de ces déplacements. Les premiers résultats de cette recherche financée par le PUCA sont enfin proposés au lecteur, tant comme résultat « brut » que comme piste de réflexion pour la suite de cette recherche. I. Positionnement du problème : entre habiter et durabilité La mobilité, comme la « localité » tient une place particulière dans la notion d'habiter et les différentes mobilités qu'elle peut recouvrir permettent de requestionner la durabilité des territoires et des pratiques individuelles. I a. La place de la mobilité dans l'habiter La spatialité est à l'habiter ce que l'ensemble des déplacements est à la mobilité. Dans cette analogie, donc dans le cadre de l'équivalence de ces termes pris deux à deux dans un rapport qui reste à expliciter, le premier terme, la spatialité ou l'ensemble des déplacements, est le caractère objectif d'un fait descriptible tandis que le deuxième, l'habiter et la mobilité, est à la fois tout ce qui rend possible ce fait objectif et tout ce qui en découle. Ainsi, alors que la spatialité d'un individu aujourd'hui est l'ensemble des lieux fréquentés et des liens parcourus pour relier ces lieux par cet individu en une durée déterminée et, plus particulièrement tout au long de sa vie, l'habiter est l'ensemble des facteurs expliquant le fait qu'il soit ici aujourd'hui, à condition de préciser que : Ces facteurs peuvent être de l'ordre de l'actuel : c'est l'ensemble des éléments qui dans sa situation peuvent permettre de comprendre le pourquoi de ce « ici maintenant ».