La littérature scientifique analyse l’aide au long cours apportée à un proche âgé selon deux grandes perspectives : une perspective épidémiologique du « fardeau »qui appréhende l’aide par ses effets sur la santé des aidants – présentés comme les « victimes cachées » des pathologies et des fragilités de leur parent et une perspective économique qui cherche à quantifier cette aide par un volume horaire, et à en évaluer les coûts économiques directs, et indirects, par les effets sur l’activité professionnelle et l’emploi des aidants. Le rapport propose d’approfondir l’analyse de l’intensité de l’aide, en la saisissant non seulement par ses effets (économiques ou sanitaires), mais par le sens qu’elle revêt au sein de configurations d’aide où sont engagés de manière variable selon les situations des membres de la parenté de la personne âgée, des proches (voisins ou amis) et des professionnels de l’aide à domicile. A partir de l’analyse qualitative de 19 configurations d’aide, saisies à travers 33 entretiens avec des personnes aidées et certains de leurs aidants, le rapport montre comment les variations de l’intensité de l’aide sont socialement construites, tant dans les parcours de vie des individus, dans des contextes socialisateurs antérieurs ou alternatifs à l’aide, que dans les configurations où cette aide se déploie. La première partie revient sur les ressorts sociaux et individuels de l’entrée et du maintien dans l’aide, dans la dialectique des mouvements d’engagement et de désengagement du care. Elle insiste sur l’articulation des positions et des trajectoires sociales dans la définition et la réalisation du soutien au proche âgé. Elle analyse les manières dont les bricolages initiaux de l’aide, peu coûteux, sont déterminants dans la stabilisation de l’accompagnement et dans le maintien dans l’aide. L’intensité de l’aide varie alors non seulement selon les besoins d’aide manifestés par la personne âgée, mais aussi selon les exigences de l’aide définies et portées par les aidants, telles qu’elles se sont constituées au fil de leur histoire personnelle et familiale. La deuxième partie analyse les formes de répartition et de régulation de l’aide entre les membres apparentés, et leurs effets sur l’intensité de l’aide, en lien avec les professionnels lorsque certaines tâches sont externalisées. Si certaines configurations, très asymétriques, concentrent responsabilité de care et réalisation de l’aide sur une seule aidante, majorant l’intensité ressentie par celle-ci, d’autres manifestent des conceptions plus partagées et mieux articulées du soutien au parent âgé, qui permettent un équilibre dynamique de la configuration, malgré des contributions différenciées (et parfois objectivement inégales).