On peut constater que les grandes interrogations contemporaines portent sur l’avenir de l’humanité à une époque où le changement climatique alerte sur la survie de l’espèce. L’Anthropocène fait de l’humain le premier facteur du changement environnemental. Face à la catastrophe deux discours s’opposent tant sur la scène académique qu’à l’agora médiatique, celui du retour vers les origines (Le peuple de Gaïa pour un Bruno Latour par exemple) à celui de l’évolution de l’espèce (l’Homo Deus de Harari, par exemple). On peut noter le recours à des figures mythiques classiques dans un cas (regard rétrospectif ; réinitialisation) et à l’invention d’une figurativité futuriste de science-fiction dans le second (regard prospectif; réinvention). Si la philosophie a considéré la Postmodernité comme la mort des « grands récits » (Lyotard 1979), il faut cependant remarquer que les deux types de discours mentionnées tentent de redéfinir la perspective spéciste (rétrospectif) ou transcender l’humanité (prospectif). Celui-là veut réinitialiser alors que celui-ci cherche des mécanismes de complexification et de compensation. Des discours d’une telle visée nous mènent à poser l’hypothèse de l’émergence de nouvelles grandes narrations à l’époque contemporaine. En effet on remarque aujourd’hui des déssacord(s) absolus, même sur les données : le président des Etats-Unis peut nier le réchauffement climatique car il y a toujours une instance (un laboratoire de recherche par exemple) pour nier les données ; la controverse est toujours présente sur certains détails (protocoles scientifiques) et donc on a toujours recours à des grandes narrations en dernière instance comme des stratégies de légitimation. Deux grandes narrations naissent de se désaccord contemporain (prospective ou rétrospective). On pourrait se demander si ces narrations correspondent à des idéologies (système de valeurs ; isotopies /allotopies) mais narrativisées (ce qui peut justifier la réutilisation des mythes comme agencement macro-narratif). Ceci intéresse les mythes (au passé comme au futur) qui se montrent comment des constructions narratives pouvant déconstruire et reconstruire les apories contitutives des cultures, mais cela soulève également la question du genre comme stratégie discursive.