Nuns and monks at work : equality or distinction between the sexes ? A study of Frankish monasteries from the Sixth to the Tenth centuries
Résumé
This contribution is the chapter of a collective book for Anglo-Saxon students working on the history of Western monasticism published by Cambridge University Press under the direction of I. Cochelin and A. Beach.
Based on my previous research on the domestic work of nuns, I continued the investigation and sought to understand why the sources, whether hagiographic narratives or monastic rules, approached this question differently according to the sexes concerned. Monastic work has indeed proved to be an interesting prism for studying gender differences within the monastery.
In theory, the rules assign similar principles and a general organization of manual work for religious of both sexes. And yet, the representations given by hagiographic sources differ significantly, describing the nuns engaged in domestic and textile tasks confined within the fence, while the monks are most often shown outside the monastery, engaged in agricultural or craft work and hospital functions. The monastic space, or at least its staging, thus appears here as a reproduction of the social order that attributes to each sex its spaces of action, challenging the theory dear to some American historians of a "third gender" common to all religious. Nevertheless, equality seems possible in the field of culture and scholarship. This parity in the face of knowledge is undoubtedly the greatest innovation introduced by monasticism. Wouldn't the "third gender", common to nuns and monks, finally be that of the literate, masters of Latin grammar and sacred letters?
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Cette contribution constitue le chapitre d’un ouvrage collectif destiné aux étudiants anglo-saxons travaillant sur l’histoire du monachisme occidental et publié par les Cambridge University Press sous la direction d’I. Cochelin et A. Beach.
M’appuyant sur mes recherches précédentes qui portaient sur les travaux domestiques des moniales, j’ai poursuivi l’enquête et cherché à comprendre pourquoi les sources, que ce soit les récits hagiographiques ou les règles monastiques, abordaient différemment cette question selon les sexes concernés. Le travail monastique s’est effectivement révélé un prisme intéressant pour étudier les différences liées au genre dans le cadre du monastère.
En théorie, les règles assignent des principes et une organisation générale du travail manuel similaires pour les religieux des deux sexes. Et pourtant, les représentations qu’en donnent les sources hagiographiques diffèrent singulièrement, décrivant les moniales occupées à des tâches domestiques et textiles cantonnées à l’intérieur de la clôture, tandis que les moines sont montrés le plus souvent à l’extérieur du monastère, occupés à des travaux agricoles ou artisanaux et à des fonctions hospitalières. L’espace monastique, ou du moins sa mise en scène, apparaît donc ici comme une reproduction de l’ordre social qui attribue à chaque sexe ses espaces d’action, remettant en question la théorie chère à certaines historiennes américaines d’un « troisième genre » commun à l’ensemble des religieux. Néanmoins, l’égalité semble possible sur le terrain de la culture et de l’érudition. Cette parité face au savoir est sans doute la plus grande innovation introduite par le monachisme. Le « troisième genre », commun aux moniales et aux moines, ne serait-il pas finalement celui des lettrés, maîtres de la grammaire latine et des lettres sacrées ?