Depuis le milieu des années 2000, un ensemble de réformes a discrètement changé les règles du jeu des carrières dans la fonction publique d’État. Schématiquement, ces réformes tendaient à réduire le poids de la régulation collective des carrières des fonctionnaires, pour aller vers plus d’individualisation. Parallèlement, la part des recrutements de fonctionnaires s’est réduite au fil des années ; elle est désormais minoritaire face aux agents recrutés comme contractuels, non couverts par le statut mais par une régulation spécifique couvrant à la fois les contrats à durée déterminée ou indéterminée. S’il est encore difficile, faute de recul temporel, d’estimer les effets de ces réformes sur les carrières des agents de l’État, l’analyse de données longitudinales sur longue période permet d’éclairer partiellement ces transformations. Ce rapport présente les résultats inédits d’une analyse exploratoire du fichier biographique de l’Insee, un fichier représentatif de l’ensemble des salariés français depuis 1988, date d’entrée de l’État dans le panel. L’analyse de séquences est ici privilégiée pour tirer le meilleur parti de la richesse et de la précision des données décrivant les parcours professionnels. Pour évaluer la manière dont s’est transformé l’espace des carrières des agents de l’État en une vingtaine d’années, nous avons rassemblé en cinq catégories les parcours professionnels observés sur onze années consécutives, en distinguant les parcours démarrant dans une position statutaire (fonctionnaire titulaire) et ceux démarrant comme contractuel (CDD de droit public) en 1991, que nous avons ensuite comparés aux parcours démarrant dans ces positions respectives, mais cette fois-ci en 2002. Entre ces deux dates, la fonction publique d’État a connu d’importantes transformations morphologiques (féminisation, rajeunissement, hausse des qualifications), et l’année 2001 marque l’inversion de la dynamique des recrutements de fonctionnaires.