L’habit, au sens large, dans lequel le substantif apparaît au XIII^e siècle et que l’on donne aujourd’hui plutôt au mot au pluriel — les habits —, gagne à être analysé sur un large empan chronologique et en prenant en compte le processus de vision dont il fait l’objet dans les textes et les images. Or une continuité se dégage dans la poétique de la représentation de l’ensemble de la tenue, c’est-à-dire du vêtement en soi, et des attributs et des les accessoires qui fonctionnent métonymiquement avec lui, élaborée du Moyen Âge au XVII^e siècle. À la croisée de tous les domaines, l’habit est culturellement construit de façon relativement homogène du début à la fin de la période : dans les règlements civils et religieux, dans les récits d’exploration, dans les ouvrages de fiction et dans les productions artistiques, l’habillement entretient un double rapport avec la figuration. Il est en effet un élément matériel que les auteurs et les artistes appréhendent du point de vue de son apparence (comme objet référentiel) ou comme un signe vers autre chose (vers un second élément, concret ou abstrait). D’où l’intérêt de l’enquête que propose le présent volume sur le double discours relatif à l’habit : celui sur l’habit et celui de l’habit. Les analyses rassemblées montrent que le plus souvent les deux types de visions se croisent dans les textes et dans les images. La variété des angles d’attaque qu’elles adoptent permet le repérage des éléments de convergence entre les deux grands genres de représentation (verbal et plastique) ainsi que l’appréciation de la spécificité de chacun d’eux.