En France, la région Centre-Val de Loire jouit d’un certain nombre d’atouts en matière d’attractivité touristique, à commencer par ses châteaux de la Renaissance. Ce sont ainsi pas moins de 9,2 millions de visiteurs qui sont enregistrés chaque année à l’entrée de ses monuments, sites et musées, au premier rang desquels on retrouve les châteaux de Chenonceau et de Chambord et le ZooParc de Beauval (entre 800 000 et 1 500 000 entrées/an) . A cela il faut ajouter les cyclistes qui, toujours plus nombreux, empruntent les véloroutes traversant la région et sa voisine – Pays de la Loire –, dont la « Loire à vélo » : ils étaient 935 000 en 2015. Outre ses châteaux, la Région Centre-Val de Loire bénéficie aussi de l’image qui lui est associée, de « jardin de la France », la vallée de la Loire étant inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, au titre de paysage culturel évolutif et vivant depuis 2000. Consciente de l’attrait désormais exercé par la nature auprès des touristes, la Région Centre-Val de Loire entend bien mettre en avant ces autres atouts, dans le cadre de sa stratégie régionale du tourisme et des loisirs 2016-2021 : elle « souhaite développer le Tourisme de Nature sur son territoire » . Mais n’y a-t-il pas là un risque de dégradation du patrimoine naturel ? Comment concilier protection et fréquentation ? Quelles stratégies sont adoptées en Région Centre-Val de Loire ? Notre propos se fondera sur l’analyse de deux sites que nous avons plus particulièrement étudiés dans le cadre de plusieurs projets de recherche, tous deux compris dans le Val de Loire inscrit sur la liste de l’Unesco et site Natura 2000. Il s’agit de la zone de vallée entre Tours et Candes-Saint-Martin, en Indre-et-Loire, où sillonne la « Loire à vélo », et du Domaine national de Chambord situé dans le Loir-et-Cher (inscrit dès 1981 par l'Unesco) ; Chambord, surtout connu pour son château, est en effet aussi un vaste domaine de 5400 ha, en large partie forestier. Sur ces deux sites, des stratégies différentes s’opèrent en matière de fréquentation touristique, avec des menaces variables pour ces paysages protégés. Le long de la « Loire à vélo », le touriste peut découvrir à sa guise les espaces naturels qu’il perçoit le long des voies de circulation. La fréquentation, principalement concentrée lors de la période estivale, occasionne des dommages difficilement quantifiables : destruction de la flore, dérangement de la faune, dépôts sauvages de déchets… Peu à peu, des actions de sensibilisation et des aménagements spécifiques se sont développés, plus particulièrement dans les Espaces Naturels Sensibles mis en place par le Conseil départemental d’Indre-et-Loire. Au sein du Domaine national de Chambord aussi, le tourisme de nature se développe, encouragé par le domaine lui-même mais de manière encadrée. Et pour cause, celui-ci est, depuis 1947, une réserve nationale de chasse et de faune sauvage, dont l’accès est restreint : la visite est possible mais uniquement en étant accompagné. Seule une partie du domaine est en libre accès pour les touristes : initialement de 634 ha, cette zone a été étendue à 900 ha, sur les conseils de la cour des comptes. Une « grande promenade » y a été récemment aménagée, dans le but d’offrir un aperçu des paysages et de la richesse écologique du domaine. L’objectif est ainsi de contenter le touriste et les riverains, épris d’un désir de nature, sans pour autant nuire à la faune et à la flore du domaine, d’autant que celui-ci s’est aussi fixé comme mission d’œuvrer à la préservation de la biodiversité, en tant que site Natura 2000 depuis 2006 et 2007. Peut-être est-ce là un modèle à suivre, développer la connaissance des visiteurs sur les paysages et la biodiversité, mettre en défens des sites exceptionnels et concentrer la fréquentation touristique en des zones donnant à voir le patrimoine naturel, préservé par ailleurs.