Notre communication veut rendre compte d’un cas empirique qui met en évidence les nombreuses frontières au sein desquelles ou par-delà lesquelles s’organise la gouvernance des risques industriels majeurs dans une des entreprises de la chimie fine dans lesquelles nous conduisons une recherche au long cours sur la prévention des risques industriels majeurs. Filiale française d’un groupe américain, cette usine est soumise à plusieurs règlementations au niveau national, mais aussi supra national, notamment européen. Elle doit les mettre en œuvre dans un contexte socio-technique particulier qui implique des adaptations. Ces ajustements sont le plus souvent l’objet de négociations entre l’organisation considérée et les autorités de contrôle. Mais elle doit aussi composer avec la gouvernance des risques telle que développée aux USA et qui cherche à s’imposer via des standards de production et de sécurité, des procédures qui cherchent à être homogènes à travers le monde, des outils mis à la disposition des filiales par la maison-mère, des audits visant à croiser les regards et assurer la conformité selon des référentiels, mais aussi à favoriser une appréhension plus consensuelle des directives envoyées par le corporate. Elle ne peut non plus ignorer les filtres que représente les niveaux intermédiaires tels que le groupe France ou d’autres groupes de supervision de certaines régions dans le monde. C’est donc à un décryptage de sphères d’actions multiscalaires qu’invite cette communication. On essaiera de cerner quelles interactions se mettent en place entre quels acteurs, et à quel niveau. Les éléments empiriques évoqués permettront de revisiter la littérature sur les systèmes industriels à risques et à suggérer quelques pistes d’ouverture.