LOCAL AUTONOMY VERSUS SOCIAL CONTROL The ambivalence of the territorialization of public action
AUTONOMIES LOCALES VERSUS CONTRÔLE SOCIAL Les ambivalences de la territorialisation de l'action publique
Résumé
Foucault gave the concept of "governmentality", introduced in 1978, a very broad definition, that of "conduct of conducts" and of the structural intervention of institutions in the field of action of people and individuals. Its construction creates a new grid for analyzing the place of power relations in social life, whose death of the philosopher did not allow the full deployment . This concept is fundamentally ambiguous: power and coercive mechanisms are no longer systematically contrary to freedoms, but they can, paradoxically, strengthen the capacity of individuals to act, while contributing to their subjugation.
The territorialization of public policies is one of the most radical and universal reforms that the aparatuses of governmentality have undergone in decades. From the perspective of the evolution of power relations and their impact on the freedoms and capacities of individuals and social groups, the shift from central regulation to localized regulation has contradictory effects. On the one hand, it allows for the diversification of actors in collective life and the empowerment of their strategies. On the other hand, it strengthens the effectiveness of social control of behavior, whether "deviant" or not, by improving the link between institutional mesh and social gridlines.
After briefly recalling the innovations introduced by the reference to governmentality in the conception of power relations and of their societal effects, this paper focuses on describing the main dynamics associated with the process of territorialization of public policies. Drawing on numerous examples from policies of urban planning, economic development, education, security, etc., it then highlights the relevance of the concept of governmentality in building a critical approach to the territorialization of policies and the decentralization of institutions.
Foucault a donné à la notion de « gouvernementalité », introduite en 1978, une définition très large, celle de « conduite des conduites » et d'intervention structurante des institutions dans le champ d’action des populations et des individus. Sa construction instaure une nouvelle grille d’analyse de la place des relations de pouvoir dans la vie sociale, dont la mort du philosophe n'a pas permis le déploiement total. Ce concept est fondamentalement ambigu : le pouvoir et les dispositifs de contrainte ne sont plus systématiquement contraires aux libertés, mais ils peuvent paradoxalement renforcer la capacité des sujets à agir, tout en contribuant à leur assujettissement .
La territorialisation des politiques publiques est une des réformes les plus radicales et les plus universelles qu'ont connu les dispositifs de gouvernementalité depuis plusieurs décennies. Du point de vue de l'évolution des relations de pouvoirs et de leur impact sur les libertés et les capacités d'action des individus et des groupes sociaux, le passage d'une régulation centrale à une régulation localisée a des effets contradictoires. D'une part elle permet la diversification des acteurs de la vie collective et l'autonomisation de leurs stratégies. D'autre part elle renforce l'efficacité du contrôle social des comportements, « déviants » ou non, en améliorant l'articulation entre maillage institutionnel et quadrillage social.
Après avoir brièvement rappelé les novations introduites par la référence à la gouvernementalité dans la conception des relations de pouvoir et de leurs effets sociétaux, ce papier s'attache à décrire les principales dynamiques associées au processus de territorialisation des politiques publiques. En s'appuyant sur de nombreux exemples tirés des politiques d'aménagement, de développement économique, d'éducation, de sécurité etc., elle met ensuite en évidence la pertinence du concept de gouvernementalité dans la construction d'une approche critique de la territorialisation des politiques et de la décentralisation des institutions.
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