Cet article présente les principaux résultats d’une recherche menée à Marseille, sur les parcours de vie de près de 500 adolescents (12-18 ans) ayant commis des actes délinquants et étant pris en charge par la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Ces parcours sont reconstitués à travers les dossiers judiciaires, méthode dont on présente les intérêts comme les limites. Les résultats conduisent d’abord à souligner l’importance de la conflictualité des familles dans lesquelles ont souvent grandi ces jeunes délinquants, conflictualité dégradant les relations entre parents comme entre parents et enfants, générant un nombre élevé de violences intrafamiliales et ruinant tout ou partie les capacités de contrôle parental du risque de délinquance à l’adolescence. Ils permettent ensuite de prendre la mesure du poids de l’échec scolaire, le plus souvent précoce, dans les trajectoires de vie de ces adolescents. Ils témoignent enfin du contexte général de grande précarité socio-économique dans lequel évoluent ces enfants et ces familles. En conclusion, les auteurs proposent de conceptualiser un type de délinquance juvénile à travers la notion de cumul de ruptures des liens sociaux.