Le port de Tanjung Priok, au nord-est de Jakarta, constitue le premier port de commerce de l’archipel indonésien. Il a connu, depuis les années 1980, un rapide développement de ses fonctions logistiques et une croissance sensible de son activité, d’où le besoin de nouvelles surfaces portuaires. Or, à la différence des grands ports européens sur lesquels se sont fondés les modèles géographiques décrivant une dissociation spatiale croissante entre ville et port , Tanjung Priok est pleinement inclus dans un tissu urbain de forte densité, ce qui entraîne une concurrence foncière entre fonctions portuaires et fonctions urbaines qui s’est traduite, à partir des années 1990, par des expulsions touchant des populations riveraine des infrastructures portuaires. Cette contribution adoptera comme prisme plusieurs cas d’expulsions survenus aux abords du port pour interroger le fonctionnement paradoxal de l’interface ville-port à Jakarta, entre une contiguïté morphologique et une apparente incompatibilité fonctionnelle