Le projet de ce manuscrit à trois voix fait suite à une série d'enquêtes de terrain menées par des étudiants de Sciences Po Grenoble en 2018-2019 dans le cadre d'un séminaire de 3ème année sur la place des émotions dans l'engagement politique. Sont rassemblés dans le présent document trois mémoires de fin d'étude qui présentent un travail empirique respectivement sur la drogue, sur le pouvoir au féminin et sur la radicalité en politique. Ces enquêtes empruntent deux pistes de recherche assez inédites. D'une part, leur questionnement sort des sentiers battus. Tristan Labiausse défriche la thématique taboue de la place et du rôle des addictions dans l'engagement politique en observant les façons dont cet excès entre en tension et en miroir déformant avec les représentations sur l'exemplarité des mandats électoraux. Nina Kropotkine-Watson interpelle onze femmes et un homme qui ont accepté de se confier sur leur perception sensible du milieu masculin qui imprègne l'activité politique. Margaux Blache s'attaque à l'angle mort des sentiments et des passions de cinq élus placés sur l'extrême-droite de l'échiquier politique en l'appuyant sur une autobiographie rédigée par Marine Le Pen en 2006. D'autre part, chaque mémoire affirme une méthode de recherche assez originale. Tristan Labiausse questionne les addictions à la manière du philosophe enquêteur. Nina Kropotkine-Watson se met en symbiose avec ses interlocutrices sur le mode empathique de la solidarité et du combat. Margaux Blache dissèque les trajectoires radicales avec le sang-froid clinique du chirurgien. Les trois recherches ont pour point commun de montrer que pour porter un regard nouveau sur le tournant émotionnel, l'analyse des épreuves émotionnelles en politique implique une réflexion située doublée d'une introspection personnalisée.