Face aux enjeux de la transition énergétique, pouvoirs publics et acteurs privés ont soutenu, développé et expérimenté auprès des ménages nombre d’incitations techniques, économiques, ou sociales équipant la recherche de changement des comportements au service d’objectifs d’efficacité, de flexibilité ou de sobriété énergétique. Ces incitations rencontrent les logiques d’action des ménages. La diversité des réactions à une intervention est souvent envisagée comme le produit de différences d’attitudes d’un consommateur à un autre, tandis que l’écart entre attitudes et comportements s’explique généralement par la persistance de biais cognitifs, d’habitudes inconscientes ou d’effets de systèmes échappant à la volonté individuelle. Dans les faits, il apparaît que l’articulation des attitudes, des pratiques et des équipements matériels des ménages compose des projets énergétiques, certes variés, mais néanmoins intelligibles dégageant à la fois des clefs de compréhension des réactions et des pistes d’accompagnement des incitations. Ils éclairent le caractère limité du potentiel de transformation des pratiques et expliquent pourquoi la transition énergétique n’advient pas de manière aussi unifiée et cohérente que les discours publics le souhaiteraient.