Le présent article s’attache à des œuvres irrévérencieuses des ive et iiie siècles décrites par des sources littéraires plus tardives ou dans des fragments transmis par tradition indirecte : portrait du général Timothéos endormi, symplegma de la reine Stratonice et d’un pêcheur, Héra faisant une fellation à Zeus, cénacle de poètes buvant le vomi d’Homère, Calomnie d’Apelle. Il s’agit de peintures de chevalet présentant un rapport avec le pouvoir et reposant sur la lecture à clé d’une scène mythologique ou sur des procédés allégoriques. Du fait du caractère tardif des sources qui évoquent ces peintures, du caractère scandaleux de leur contenu et de l’absence de documents archéologiques permettant d’étayer le témoignage des sources littéraires, de nombreux savants ont mis en doute l’existence de ces peintures, les faisant basculer du côté de la fiction ou postulant un malentendu sur leur contenu. Le nombre même de ces témoignages épars qui évoquent une série d’œuvres scandaleuses réalisées à l’échelle d’un siècle environ tend toutefois à leur donner une certaine crédibilité ; la comparaison avec des fragments poétiques contemporains étaye elle aussi le témoignage des sources littéraires tardives et met en évidence le fait que le pouvoir lagide protégeait et encourageait, dans certains cas et sous certaines conditions, des formes d’irrévérence.