La pratique de la flûte (xiao 簫) permet de vivre la relation entre son, musique, souffle à l'école des musiciens et penseurs chinois. La relation entre souffle et énergie s'impose comme évidence à travers la notion de « qi » 氣, traduit par « souffle-énergie ». Si le souffle du flûtiste ne peut limiter ou résumer à lui seul l’énergie fluide qi, il est par ailleurs fondamental par sa liaison avec un autre concept-clef de la pensée chinoise, celui d’articulation, jie 節. Pour tester l’hypothèse selon laquelle le flûtiste chinois articule différemment du flûtiste européen, la reprise du souffle imprime et exprime pour lui autre chose que le point, la virgule, la suspension, on étudie successivement les enregistrements d'une interprétation occidentale et une version chinoise du « Saule argenté » (« Liu yao jin » 柳搖金). Notation et transcriptions accompagnent et sont complétées par les sonagrammes des enregistrements et d'autres visualisations, certaines coordonnées avec l'enregistrement lui-même visibles par des liens externes.