La circulation internationale des modèles urbains – entendus ici comme des politiques qui ont acquis le statut d’objets d’imitation, d’émulation et/ou d’apprentissage – est, depuis quelques années, au cœur de débats inscrits en grande partie dans le champ émergent de l’urban policy mobility. La circulation des politiques et des modèles à l’échelle internationale est constitutive de la fabrique de la ville et fait l’objet de travaux anciens chez les architectes, urbanistes, historiens et politistes. Nina Lemaire, Élisabeth Peyroux et Ophélie Robineau montrent d’une part qu’il reste à mieux caractériser les dialogues entre disciplines voisines des sciences sociales, à la fois sur les plans conceptuels et analytiques, pour appréhender les processus de transferts, mobilité et circulation qui semblent s’accélérer et s’intensifier aujourd’hui. D’autre part, l’effort devrait également concerner les angles morts de la recherche, notamment ceux relatifs à la circulation des acteurs et à l’hybridation des cultures professionnelles liées à la montée de l’intersectorialité dans la définition des modèles urbains contemporains. Enfin, une attention particulière doit être apportée à l’analyse des formes de mobilisation, de contestation et de résistance aux projets d’aménagement et d’infrastructures emblématiques de modèles entrepreneuriaux globalisés. Deuxièmement, les recherches devraient être consacrées aux enjeux de quantification, de mesure et d’interprétation du phénomène : accélération de la mobilité des modèles, montée en puissance du rôle des villes, notamment au sein de réseaux transnationaux, formes et types de contestation, mesure des impacts socio-spatiaux de la circulation des modèles. Un troisième enjeu a trait aux relations entre recherche, expertise et action et aux modalités de production de la connaissance dans un contexte où s’entremêlent de plus en plus les types d’acteurs et où les frontières entre les activités se brouillent (notamment entre expertise et recherche).