Les îles et les archipels sont des éléments structurant des cartes médiévales, depuis les plus anciennes mappemondes dont les modèles remontent à l’Antiquité tardive. Avec l’apparition des cartes marines à partir du XIIIe siècle, la représentation des îles s’inscrit dans une cartographie régionale centrée sur la description des littoraux et induit une redéfinition de l’espace maritime à différentes échelles. Les îles se présentent ainsi à la fois comme des prolongements des repères maritimes côtiers et comme des espaces locaux par définition isolés, délimités et clos. Le genre des insulaires, développé à la suite du Liber insularum Archipelagi de Cristoforo Buondelmonti, s’inspire des cartes marines tout en donnant une nouvelle définition aux îles, dont certaines sont regroupées, d’autres sont reliées à un littoral, tandis que d’autres sont représentées comme des entités régionales autonomes. Alors que les catalogues de cartes d’îles connaissent un succès croissant dans la deuxième moitié du XVe siècle, Chypre, l’une des plus grandes îles de la Méditerranée orientale, ne fait que tardivement l’objet d’une carte indépendante, alors même que l’histoire du royaume de Chypre aurait pu suggérer très tôt sa description cartographique détaillée. L'article souligne l’apport des cartes d’îles à l’affirmation d’une cartographie à grande échelle à la fin du Moyen Âge.