La politique de contrôle des professions du livre instaurée en France par Colbert a une influence directe sur la représentation féminine dans le métier dans la seconde moitié du XVIIe siècle et on a pu montrer que la proportion de veuves de maîtres augmente alors significativement à Paris. Si le phénomène est connu, ses conséquences concrètes sur l’organisation du travail, sur la nature de la production imprimée ou sur le degré et le mode d’implication des femmes dans les ateliers le sont beaucoup moins. Cette contribution étudie la petite cohorte d’imprimeuses parisiennes placées alors à la tête des entreprises et analyse dans quelles conditions elles exercent leurs responsabilités, à quels types de travaux elles se consacrent, quelles relations elles entretiennent avec leur personnel et avec leurs confrères, quels savoirs intellectuels et techniques elles sont capables de maîtriser et comment, enfin, elles assurent la transmission de leur patrimoine professionnel.