Le privé est politique… et économique ! Pour une économie politique du travail de gestation pour autrui
Résumé
In the public debate about surrogacy, to qualify what surrogates do as a kind of "work" is widely perceived as a way of supporting the forms of commodifica-tion and exploitation that target women’s bodies in global circuits of the bioeconomy. As against this construal, which accompanies the moral condemnation of this reproductive practice particularly in its "commercial" version, the article offers a feminist plea for the conceptualization of surrogacy as work. Based on ethnographic inquiries conducted among Indian surrogates, and theoretically informed by Marxism, the ethics of care and the notion of intersectionality, the article aims, in fine, to highlight the fecundity of this conceptualization not only for the full recognition of the surrogates, but also for a critical diagnosis of the divisions of labour that structure capitalist society.
Dans le débat public sur la gestation pour autrui (GPA), parler de "travail" pour qualifier ce que font les femmes porteuses est largement perçu comme une façon de cautionner les formes de marchandisation et d’exploitation du corps des femmes à l’œuvre dans les circuits mondialisés de la bioéconomie. Contre cette interprétation qui accompagne la condamnation morale de cette pratique reproductive, en particulier dans sa version "commerciale", l’article développe une défense féministe de la conceptualisation de la GPA comme travail, appuyée sur les études ethnographiques menées auprès des femmes porteuses indiennes et nourrie théoriquement à la fois par le marxisme, par l’éthique du care et par la notion d’intersectionnalité. In fine, l’objectif est de mettre en lumière la fécondité de cette conceptualisation non seulement pour la pleine reconnaissance des femmes porteuses, mais aussi pour le diagnostic critique des divisions du travail qui structurent la société capitaliste.