L’existence d’un texte constitutionnel abouti, celui qui avait été promulgué par les Cortès de Cadix en 1812, facilita la définition politique de la révolution espagnole de 1820. Mais, une fois que le Roi eut prêté serment à la Constitution, restait encore à doter d’une dimension sociale les propositions des libéraux. Ce fut l’un des défis majeurs de la révolution de 1820 dont on commémore actuellement le bicentenaire: créer les instruments permettant l’intégration des citoyens dans un espace politique en pleine mutation, qui se diversifie, se complexifie et où se mêlent anciens et nouveaux acteurs. Que ce soit du haut de la chaire ou à la tribune, au café, dans la rue, à l’armée, dans la presse ou au théâtre… tous et en tous lieux cherchent à s’exprimer et à utiliser les nouvelles règles du jeu politique dans une bataille des idées qui déboucha sur une guerre civile, avec intervention militaire étrangère, l’ordre imposé par la Sainte Alliance des monarques venant mettre fin aux rêves de liberté de la Sainte Alliance des peuples. C’est à l’identification et à l’analyse des limites de ces nouveaux espaces du politique qu’est consacré ce dossier qui porte sur une époque cruciale pour le devenir de l’Espagne et de l’Europe.