“Darf der Kaiser seine Nichte heiraten : Eine politisch-religiöser Disput über Inzest und Ehepolitik im Byzans des siebten Jahrhunderts”
Résumé
Notre réflexion sur le statut des femmes dans l'Antiquité tardive nous a conduit vers
deux questions. L'empereur Héraclius avait-il le droit d'épouser sa nièce Martina en
secondes noces, en 622/623 ? Dans la Chronique brève, ch. 11, Nicéphore de
Constantinople décrit cet événement comme un acte illégal, interdit par la coutume
romaine. De fait, l'antique permission d'épouser sa nièce a été abolie plusieurs fois
depuis une ordonnance de Constance II, fils de Constantin, en 342, arguant qu'il
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s'agissait d'une pratique incestueuse. La société constantinopolitaine semble
protester par la voie du patriarche Sergius contre une forme d'endogamie
aristocratique qu'elle juge illégitime. Héraclius, lui, réaffirme les prétentions de son
clan : il a pu peut-être s'appuyer sur une forme de tolérance du ius gentium pour les
noces avec la nièce.
Martina, veuve d'Héraclius, avait-elle le droit de devenir impératrice en 641 ? La
présence de fils issus d'un premier mariage l'en a empêchée, mais surtout pour les
contemporains et/ou Nicéphore, les fonctions de mère et d'impératrice sont
incompatibles. Qui plus est, l'activité de réception diplomatique qu'exerce un chef
d'Etat semble exclure la femme (qui risquait sinon d'être qualifiée de prostituée).
Inversement, dans la logique de clan installée par le mariage d'Héraclius avec sa
nièce, Martina était tout à fait habilitée à régner. Quelle a été l'attitude concrète
envers Martina dans la province d'Afrique ? La Lettre 13 de Maxime atteste du fait
qu'elle règne de facto plutôt que de jure, puisqu’il l’appelle non pas “impératrice” ou
“Augusta” mais seulement “patrice”. Il s'appuie sur la connaissance qu'il a du clan
d'Héraclius pour rejeter la possibilité que Martina prenne des mesures hostiles à
l'orthodoxie. Autrement dit, il renvoie Martina à la soumission au clan censé la
légitimer. Il y a donc apparemment deux modèles de mariage au VIIe siècle : 1) le
modèle civique exogamique qui soumet la femme à son mari ou à ses fils et
triomphera au concile In Trullo (692) et 2) un autre modèle plus “souterrain”,
clanique, endogamique, où paradoxalement, la femme peut exercer une certaine
autorité.