Le but de cet article est de répondre à une critique de Pascal Mueller-Jourdan sur la conception, développée dans notre thèse, selon laquelle la Mystagogie serait un “véritable traité philosophique sur les symboles” et d’étudier un lien possible entre la Mystagogie de Maxime le Confesseur et la Lettre d’Abamon de Jamblique, mieux connue sous le nom de De mysteriis Aegyptiorum. La notion maximienne d’image et de figure reflète l’idée jamblichéenne des symboles, dont les dieux sont causes et modèles. Dans la première partie de la Mystagogie, l’église est décrite comme image et figure de Dieu et du monde. Il faut lire cela en lien avec la division par Jamblique de l’univers religieux en trois éléments : dieux invisibles, astres divins et statues de culte, et avec son idée que les statues sont des reflets des dieux. Dans la seconde 40 partie de la Mystagogie, l’entrée du grand-prêtre dans l’église fait penser à l’art télestique, ce rituel qui a pour finalité de convoquer le divin dans les statues. Son efficacité repose sur la correspondance entre le sensible et l’intelligible ou “sympathie universelle”. Mais ni la liturgie ni la théurgie ne sont de la magie : elles sont censées élever l’âme du fidèle ou du théurge jusqu’à l’union avec le divin, par la purification et la contemplation. Reste le problème des fidèles ignorants et des matérialistes : comment comprendre l’effet de la théurgie ou de la liturgie sur eux ? Même s’ils ne les comprennent pas, les symboles agissent sur eux d’une façon qui dépasse l’intellect, de façon proportionnée à leur vertu pour Maxime, ou bien selon le rite qui est adapté à leur être pour Jamblique.