Dans les sociétés modernes, les gens qui vivent dans les villes sont exposés à une certaine pluralité normative quant aux ‘bonnes manières de vivre’. Il existe des arguments pour rendre désirable et justifiable toute une variété de choix de vie et il existe des contre-arguments dissuasifs, réduisant l’attrait des mêmes choix, ou les rendant plus difficile à assumer, ou leur faisant subir la concurrence d’autres choix pas moins tentant. Cette pluralité vient parfois se nicher dans l’intériorité des individus, à travers des processus de socialisation plurielle, opérant dans des cadres d’influence qui ne sont jamais entièrement fermés, et complexifiant les systèmes de préférences avec des penchants multiples. Elle se manifeste parfois ‘de l’extérieur’, à travers une complexification des conditions dans lesquelles on doit arbitrer entre les possibilités. Un des produits dérivés de cet état est une pluralisation des modes de vie parmi des personnes proches au regard de leurs positions et identités sociales dans les grandes lignes. Acheter son logement ou le louer, habiter un quartier plutôt ‘bourgeois’ ou plutôt ‘populaire’, au centre ou en banlieue, faire ses courses chez un ‘petit commerçant’ ou dans une grande surface, accompagner ses enfants à l’école soi-même ou s’organiser autrement, se déplacer en automobile ou avec les modes alternatifs : ces questions de l’existence au quotidien, et d’autres encore, trouvent des réponses polarisées chez de nombreux groupes de personnes aux multiples traits communs. Ce livre est là pour tenter d’exposer ce fait et de réfléchir à certaines de ses conséquences.