Doublement classée en tant que patrimoine mondial de l'humanité par l’UNESCO, la Médina de Marrakech témoigne d’une dynamique socio- spatiale importante. Le développement urbain, la mise en tourisme et la patrimonialisation des lieux ont créé un engouement des étrangers pour ses habitations traditionnelles (dars, riads et palais anciens) dont une bonne partie est convertie en maisons d’hôtes communément appelées « riads- maisons d’hôtes ». Ce phénomène a produit de nouveaux rapports socio- inégalitaires de l’appropriation du logement et de l’habitat. L’expansion spatiale des RMH à l’échelle de plusieurs quartiers de cette vieille ville arabo-amazigho-musulmane a créé une gentrification sélective des lieux étant dorénavant partagés entre une population riche concentrée dans les quartiers les mieux situés et entretenus et des autochtones pauvres et vulnérables vivant à la marge dans des quartiers moins prisés. De plus, la population nouvelle composée principalement d’Occidentaux « cosmopolites » a induit un processus de rénovation du vieux centre urbain impliquant des mutations profondes de l’habitat et de l’habitant. A travers cet article, nous essaierons d’approcher les rapports socio- inégalitaires de l’appropriation du logement et de l’habitat au sein de la Médina suite à la transformation de ses espaces de lieux d’habitation en lieux de résidence et de séjour touristique. Nous examinerons comment la conversion des dars et riads en structures d’hébergement touristique redéfinit le paysage socio-spatial local, permet une forte spéculation foncière sur les biens immobiliers, produit une transformation de la composition démographique et des formes nouvelles de cohabitation sociale, et redéfinit les paramètres de l’«habiter ensemble » dans le vieux centre urbain de Marrakech. 1 « Maison » en arabe. 2 Riad : A l’origine le riad (d’autres orthographes différentes sont utilisées : riyad, riadh ou riyadh) est un jardin clos disposant de quatre parterres autour d’une fontaine (Wilbaux, 2001).