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Communication dans un congrès Année : 2018

La datcha, un espace au service des faibles ?

Résumé

La datcha est un élément central de la vie quotidienne en Russie et plus largement de la culture russe (CALDWELL, 2011). Souvent étudiée pour sa dimension historique dans la littérature scientifique (LOVELL, 2003), elle est de nouveau analysée ces dernières années à l’aune de son rôle alimentaire, social, voire même politique (HERVOUET, 2009 ; BOUKHARAEVA & MARLOIE, 2015). Au-delà de son aspect symbolique, la datcha est un espace complexe qui ne cesse d’évoluer depuis le XXème siècle (ROBERT-BOEUF, 2017). Si la datcha faisait à l’origine référence aux grandes maisons de campagne de la noblesse russe, elle désigne plus récemment la résidence secondaire des urbains située en périphérie de la ville (TRAVEN, 2004). Elle est constituée d’une partie construite (la datcha en elle-même) et d’une partie réservée à l’espace jardiné. La majorité de ces parcelles est rassemblée dans des structures associatives datant de l’époque soviétique appelées des « collectifs de jardins à but non lucratif » (en russe sadovodtcheskie nekommertcheskie tovarichestva). Ces lopins de terre ont permis aux populations urbaines de s’approvisionner durant les différentes périodes de pénuries alimentaires de l’époque soviétique et se sont massivement développés pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Depuis les années 2000, ces datchas n’ont pas disparu puisque 57% à 64% de la population urbaine russe a encore accès à une parcelle aujourd’hui (BOUKHARAEVA & MARLOIE, 2015). Cependant, leur rôle a sensiblement évolué, ces lieux de productions agricoles devenant également de véritables résidences secondaires. Dans cette communication nous souhaitons analyser la datcha comme un moyen d’expression et d’affirmation de la minorité silencieuse, c’est-à-dire des populations urbaines les plus pauvres de l’URSS puis de la Russie. Pour cela, nous nous appuierons sur des terrains de recherche réalisés à Kazan dans le cadre de notre thèse entre 2014 et 2017. Nous utiliserons un corpus de plusieurs dizaines d’entretiens conduits auprès de propriétaires de datchas, membres d’associations de collectifs de jardins et acteurs locaux ainsi que d’une centaine de questionnaires distribués auprès de datchniki. Notre propos sera alors de proposer une triple lecture de la datcha à la fois définie comme un lieu d’autonomie alimentaire pour les catégories sociales les plus pauvres ; de démocratisation de la résidence secondaire puis de la propriété foncière ; et d’affirmation du citadin comme véritable acteur de la ville. En effet, si le rôle alimentaire des datchas fut essentiel à l’époque soviétique, il demeure encore important, car les jardiniers peuvent y produire une alimentation variée et écologique. L’échelle à laquelle s’est développé le phénomène a également permis à une majorité d’urbains d’acquérir une résidence secondaire, un espace privé et de loisir où l’individu peut s’affirmer. Enfin, les datchas ont favorisé la construction de réseaux d’acteurs influents à l’échelle locale et régionale, au travers des associations de jardins collectifs, réaffirmant la parole de populations qui n’ont pas toujours l’habitude de s’exprimer dans la sphère publique. Ainsi, nous montrerons que la datcha est un espace au service des faibles qui met en exergue leurs forces et leurs moyens d’actions, dans un système urbain dominé et structuré par les acteurs publics et certains acteurs économiques.

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Géographie
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Dates et versions

halshs-03269609, version 1 (24-06-2021)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-03269609 , version 1

Citer

Camille Robert-Boeuf. La datcha, un espace au service des faibles ?. Quatrièmes Doctoriales en Études Russes: Russie, la force des faibles, Université de Franche-Comté et Association Française des Russisants, Jun 2018, Besançon, France. ⟨halshs-03269609⟩
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Dernière date de mise à jour le 05/05/2024
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