Revue de droit du travail 2021 p.423 Quand la promotion prend le pas sur la prévention Loïc Lerouge L'État fixe des objectifs généraux de santé publique afin de satisfaire à son obligation régalienne de protection de la santé de la population, intégrant ainsi la santé des travailleurs. Au début du XXe siècle, à la suite de la création de l'inspection du travail, du ministère du Travail, des instituts de médecine du travail, mais aussi des services de prévention de la sécurité sociale, la santé au travail n'était pas véritablement considérée comme un déterminant de santé publique. La loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique a marqué un premier tournant en faveur d'un décloisonnement en prenant en compte les « conditions de travail » dans le cadre de l'instauration d'une démarche structurée pour la définition, la conduite et l'évaluation des politiques de santé en France. En effet, le travail est une activité centrale des sociétés humaines et ses conditions de réalisation peuvent impacter la santé en dehors de la sphère du travail lorsque les conditions de travail sont à l'origine de maladies et d'accidents. Même si déjà amorcé avant la pandémie à l'instar notamment des affaires amiante, des éthers de glycol, de la lutte contre le cancer, de l'usage des pesticides, la crise sanitaire a mis en évidence les liens existants entre santé publique et santé au travail et le décloisonnement susceptible de s'opérer, notamment au regard des disparités existantes en matière de santé.