Comment se construire historienne au sein d’une discipline dominée par les hommes et considérée comme virile ? De la Belle-Époque à la fin du XXe siècle, trois historiennes liées par une forte solidarité inter-générationnelle prennent successivement en charge la figure et l’œuvre de Mme de Staël. Sous son ombre tutélaire, chacune parviendra à forger son identité intellectuelle et contribuera à imposer Germaine de Staël comme un personnage majeur de l’histoire du XIXe siècle. Avec Mme de Staël et son temps (1887-1889), lady Blennerhassett lui confère sa stature de personnage historique. Au soir de sa vie, elle convainc la comtesse de Pange, descendante de Mme de Staël, de se pencher sur son oeuvre. Celle-ci se consacre notamment à la publication de De l’Allemagne (1958-1960) après avoir fondé, en 1929, la Société des études staëliennes. Elle transmet ensuite le flambeau à Simone Balayé. De Germaine de Staël, incarnation du génie féminin et figure emblématique de l’amateure, à Simone Balayé, on retrace les étapes de la professionnalisation d’une historiographie féminine qui ne renie pas pour autant ses origines.