Compte tenu des avancées produites par ses recherches sur « la présence à distance » en e-Formation depuis plus d’une décennie et lors de son intervention, Annie Jézégou pointe en particulier un double défi. Il dépasse l’enjeu légitime porté par l’innovation technico-pédagogique ou socio-pédagogique pour « créer une présence à distance » via l’usage d’artéfacts socio-numériques de communication. Il décentre aussi de dimensions psycho-pédagogiques telles que, par exemple, l’engagement des personnes (apprenants et formateur) dans la relation éducative à distance. Ce double défi est davantage anthropologique : il s’agit, d’une part, d’établir un rapport apaisé au temps afin que la présence puisse se développer et, d’autre part, de valoriser l’apprentissage solidaire. Certes, ce double défi rencontre nombre d’obstacles compte tenu du contexte sociétal contemporain où domine, entre autres, l’urgence, le flux tendu, la productivité, la compétition, l’individualisme, la liquidité ainsi que la désynchronisation des liens sociaux ou encore l’éphémère et parfois même l’enfermement de l’hyperconnexion. Néanmoins, il constitue un facteur de progrès lorsque les personnes en relation s’autorisent conjointement à l’appliquer en acte et ainsi, développer une sociabilité à la fois durable, médiatisée et de proximité. Ce type de sociabilité favorise « le faire et le être ensemble pour apprendre avec et par les autres », ce malgré l’éloignement géographique et donc la séparation physique. Il résume assez bien l’un des enjeux majeurs portés par la présence à distance en e-Formation.