La Montagne, publiée en 1868, est la dernière des œuvres d’histoire naturelle de Michelet. Vu de loin, le livre publié en 1868 apparaît donc comme un retour à la montagne, mais aussi comme un déplacement, de l’histoire vers la nature. La Montagne serait, comme les autres ouvrages d’histoire naturelle, un « alibi », une manière de placer l’histoire ailleurs et de parachever un mouvement de retrait du politique. Partant de cette impression, on peut interroger le devenir de la métaphore de la montagne, très présente dans l’Histoire de la Révolution française et dans la Révolution elle-même . Cette métaphore est-elle encore active quand Michelet publie La Montagne en 1868 ? Peut-on encore parler d’écriture métaphorique alors même que la montagne perd son statut de comparant et revient à un statut dénotatif ? Plutôt que d’envisager La Montagne uniquement comme l’expression d’un éloignement de l’histoire, dans une alternative exclusive entre l’histoire et la nature, il convient d’étudier la manière dont Michelet configure les relations entre l’une et l’autre, dans la continuité des solutions déjà imaginées dans L’Histoire de la Révolution française. On peut alors envisager trois sens au mot que Michelet propose comme épigraphe : d’abord celui d’un retour à la nature, c’est-à-dire aux origines ; ensuite celui d’un mouvement ascendant ; et enfin celui d’un nouvel assemblage.