Après un préambule personnel qui explique le choix d’étudier une industrie où a travaillé une partie de ma famille et la façon dont les histoires d’usine entendues dans mon enfance ont coloré cette recherche, le premier chapitre présente une brève histoire des usines Japy à Beaucourt de 1777 à nos jours, afin de montrer comment cette épopée collective a marqué durablement les identités et les valeurs locales ; mais aussi comment le déclin de cet empire industriel, la transformation des usines en objet de spéculation pour un capitalisme commercial puis financier, a dévalué la valeur du travail et des savoir-faire ouvriers. Si, de façon classique, les archives et l’historiographie ont été mobilisées, j’ai essayé d’enrichir autant que possible cette monographie par des témoignages. Le second chapitre retrace les parcours des différentes personnes interrogées afin d’en dégager les lignes de force et de mieux comprendre les facteurs qui ont pu favoriser ou non les carrières. L’objectif est de mettre en perspective les biographies personnelles et les attitudes ou valeurs exprimées sur le travail, l’entreprise et Beaucourt. Dans le troisième chapitre, le travail et son organisation dans divers secteurs de la fabrication – à la pendulerie, aux machines à écrire et aux moteurs électriques – sont présentés de façon plus détaillée. Le travail aux pièces, la division du travail et les conditions de travail sont décrites afin de mettre au jour les enjeux et les contraintes de l’activité productive pour les ouvriers. Enfin, dans le quatrième chapitre, c’est l’ensemble des relations humaines et sociales qui sont détaillées. Les relations paternalistes ou conflictuelles avec les patrons, les chefs, les collègues, tout comme les périodes de grèves, sont indispensables à prendre en compte si l’on veut atteindre une meilleure compréhension de la vie des ateliers et de l’usine.