Dans le premier art chrétien, sur les sarcophages ou dans le décor monumental des églises romaines, l’image de la croix n’apparaît qu’à partir du milieu du IVe siècle. Après avoir été considérée comme un signe ignominieux et infamant, elle devient, au cours du règne de l’empereur Constantin, un symbole de victoire, une “croix-trophée”. Au Ve siècle, l’instrument du supplice est clairement représenté et souvent revêtu d’un somptueux décor de pierres précieuses. Elle continue d’occuper, au haut Moyen Âge, une place prépondérante dans l’iconographie et elle est l’un des motifs de prédilections du décor des sarcophages de la fin du Ve-au début VIIIe siècle en Gaule. Elle est sculptée seule ou au sein de compositions plus complexes sur les cuves ou sur les couvercles. Pour comprendre les choix qui ont présidé à l’élaboration des différentes compositions de la croix figurée sur ces tombeaux, il est nécessaire de se référer aux formules proposées dans l’iconographie de l’ère constantinienne. L’étude des croix des sarcophages mérovingiens permettra de mettre en évidence, d’un côté, la part de l’héritage des modèles tardo-antiques et, de l’autre, l’apport des commanditaires mérovingiens eux-mêmes.