Chiffons gallo-romains : Un exemple inédit de recyclage
Résumé
In 2011, a search operation and lifting of a Gallo-Roman barge, named Arles-Rhône 3, resulted in recovery from theriver of thousands of amphorae and ceramic finds. The composition of this port dump fits chronologically between the sinkingof the barge, dated between AD 66 and early 70s and a terminus ante quem around AD 140. This cache of amphorae and otherobjects reflects the intense commercial activity of the port in Roman times and adds thousands of objects to the corpus of materialsand equipment used on ships, documenting consumption and craft activities in the city during this period. In this dump, aseries consisting of seven more or less similar objects caught our attention because of both their peculiarity and their recurrence.Artefacts made of rags and stones, they resembled purses filled with enigmatic content (ordinary stones) or rag dolls. The improbabilityof the first interpretation, the number of items and the context of discovery being incompatible with the second hypothesisposed a problem regarding their function. These curious objects probably belonged to the inventory of the implements usedat the ship yard. The part filled with stones was used as a handle to grip the object, while the textile part was a kind of hardenedcoarse brush to be dipped into pitch. In all likelihood, these rag dolls were used to coat the hulls of ships with pitch.
En 2011, une opération de fouille et de relevage d’un chaland gallo-romain, baptisé Arles-Rhône 3, a permis d’extrairedu fleuve plusieurs milliers d’amphores et de céramiques qui le recouvraient. La constitution de ce dépotoir portuaire s’inscritentre le naufrage du chaland, daté entre 66 et le début des années 70 apr. J.-C. et un terminus ante quem que l’on situe vers 140apr. J.-C. À un abondant mobilier amphorique, qui témoigne de l’intense activité commerciale à l’époque romaine, s’ajoutentdes milliers d’objets qui nous renseignent autant sur le matériel de bord et l’équipement des bateaux, que sur la consommationet les activités artisanales de la ville à cette même période. Issue de ce dépotoir, une série de sept éléments plus ou moins similairesa retenu notre attention autant pour son étrangeté que pour sa récurrence. Artefacts constitués de chiffons et de cailloux,ils évoquaient tour à tour des bourses remplies d’une monnaie pour le moins énigmatique (cailloux ordinaires) ou des poupéesde chiffon. L’invraisemblance de la première hypothèse, le nombre des exemplaires et le contexte de découverte peu compatibleavec la seconde hypothèse, ont eu raison de ces premières interprétations. Ces curieux assemblages appartenaient sans doute aucortège des utensiles employés aux abords des chantiers navals. La partie garnie de pierres composait l’élément préhensible del’objet, tandis que les pans de tissus constituaient une sorte de pinceau grossier trempé dans la poix. Selon toute vraisemblance,ces poupées de chiffon étaient en réalité des sortes de “badigeons” destinés à enduire de poix la coque des navires