La Guirlande de Célimène est une chronique à six mains, publiée du 19 juin au 15 août 1898 dans La Presse. Jean de Tinan, Emile Métrot et Henri Vernot y incarnent respectivement Célimène, Philinte et Alceste, personnages principaux du Misanthrope. Les « fantaisies épistolaires », auxquelles se rattache La Guirlande de Célimène, font partie des rubriques expérimentales proposées par La Presse, dans le cadre du renouveau du quotidien au tournant des années 1890.

À vocation humoristique, La Guirlande de Célimène s’appuie sur un décalage constant entre son hypotexte prestigieux et son propos, chevillé tant à l’actualité politique qu’aux faits-divers du moment.Tout en dessinant un horizon d’attente propre au lectorat de La Presse à la fin du XIXe siècle, son jeu de références dessine les contours de l’influence de Molière au-delà de la sphère théâtrale, et dans l’espace très codifié de la chronique de journal.En cela, La Guirlande de Célimène interroge les transformations d’une culture classique et scolaire – Le Misanthrope est une des pièces privilégiées dans l’enseignement secondaire sous la IIIe République – dans les nouveaux espaces d’écriture offerts par les journaux.

Après avoir analysé les stratégies choisies par les trois auteurs par rapport aux personnages-source qui leur ont été attribués, je m’attarderai sur les éléments-clé de cette réécriture burlesque du Misanthrope, notamment dans l’actualisation des différents types de comiques utilisés dans la pièce. J’ouvrirai cette communication en m’interrogeant sur la réactivation dans la presse XIXe du jeu littéraire et mondain tel qu’il était pratiqué à l’âge classique, évoqué par le titre même de La Guirlande de Célimène.