Si la chanson de Christophe MAE – il est ou le bonheur, il est où ? il est là ! - a connu un succès certain, c’est que derrière des paroles simples elle faisait sens pour de nombreux Français. Ce constat qui a des vertus existentielles et permet de raison garder - mais aussi pour reprendre la formule d’Erving GOFFMAN de calmer le jobard - nous le trouvons également dans le célèbre proverbe l’argent ne fait pas le bonheur. Cette sentence - véritable morale d’objectivation du pauvre – a été popularisée par Georges FEYDEAU d’une manière ironique : L’argent ne fait pas le bonheur…. c’est même à se demander pourquoi les riches y tiennent tant. Mais face à la dure réalité, ces belles paroles peuvent paraître naïves et chacun constate qu’il vaut mieux - comme l’a énoncé le sarcastique Francis BLANCHE - être riche et bien portant que pauvre et malade. Par conséquent si l’argent ne fait pas le bonheur, chacun acceptera l’idée qu’il y contribue fortement, ou pour reprendre la première trace écrite de cette maxime attribuée à Pierre CHODERLOS DE LACLOS qu’il le facilite beaucoup. Comme les moyens de se procurer cet argent tant convoité sont limités, comme le livret A - ce symbole de l’épargne populaire - a vu son taux tombé à 0,5% par la volonté politique des gouverneurs successifs de la Banque de France avec l’aval de l’État, comme 59 % des salariés touchent moins de 2 000 euros net par mois, comme les Français ne peuvent pas profiter des juteuses transactions financières ( et autres stock-options, actions gratuits, parachutes dorés) dont bénéficient cadres, PDG et DG des entreprises cotées, plusieurs millions de nos concitoyens s’engagent avec une belle constance parfois quotidiennement dans les jeux de hasard. Alors pourquoi le peuple joue ? Pour gagner de l’argent bien sûr. Toutes les enquêtes de terrain quanti & quali que nous avons réalisées confirment cette évidence pourtant niée par la psychanalyse. Freud affirme contre toute attente que le joueur jouerait pour perdre. (La culpabilité œdipienne – possession sexuelle de la mère, meurtre du père ravivée par la masturbation adolescente (addiction primitive dont découlerait toutes les autres) - conduirait le joueur à rejouer jusqu’à la perte pour se punir). Si nous excluons ces explications abscons de l’Oracle de Vienne, force est de constater que la première motivation des joueurs dans les études empiriques, c’est toujours l’argent, le blé, le flouze, le fric, l’oseille, le pognon, la thune, le grisbi…La Française des jeux et les autres opérateurs ludiques malgré le gambling bashing que mène chaque jour davantage l’Autorité nationale des jeux (ANJ) et différentes doxa ( jeu pathologie maladie, associations moralistes anti jeu…) continueront que ça plaise ou non d’accompagner le vie de nos concitoyens. Vu les difficultés économiques que rencontrent une majorité de Français, dans un contexte post attentats islamo-fascistes, post covid et face aux bruits de canons en Ukraine, ils seront certainement nombreux à se lancer en 2022 dans les jeux d’argent en appliquant l’adage de Juvénal : Lucri bonus est odoer ex re/ qualibet ( Le parfum du gain est délicieux quelle que soit son origine) et dont Dostoïevski disait « pourquoi le jeu serait-il pire qu’un autre moyen de se procurer de l’argent