Les savanes du versant Sous le Vent de La Réunion, milieux pyro-pastoraux à caractère semi-naturel (Briffaud et al., 2020), connaissent depuis une vingtaine d’années des mutations paysagères majeures activées par la propagation d’espèces végétales exogènes. Parmi elles le Leucaena leucocephala – Fabacée appelé cassi en créole - est le principal agent d’une dynamique pré-forestière et de la disparition des savanes herbacées. À ce titre, il est reconnu par l’UICN comme l’une des plantes les plus envahissantes de l’île. Présent depuis les années 1820, il n’occasionnait pas de phénomène d’envahissement avant les années 2000 car il était traditionnellement l’objet de pratiques de cueillette qui freinaient sa propagation : récolte de bois pour la cuisine, de graines et de gousses pour l’artisanat et pour l’alimentation du bétail, émondage des feuillages, etc. Ces dynamiques paysagères nouvelles sont l’expression d’une reconfiguration de la complexité socio-écologique des savanes et ravines (Robert, 2021). Cette propagation serait corrélée à une mutation récente du rapport des populations aux ressources végétales, car les savoirs et savoir-faire traditionnels visant à les exploiter doivent se transmettre de génération en génération au sein des sociétés pour assurer une continuité dans leur gestion (Udo, 2016). La discontinuité des interactions plantes-sociétés occasionne des moments de rupture susceptibles d’infléchir les trajectoires des espèces impliquées. L’étude de l’évolution des pratiques de cueillette est donc un enjeu majeur pour comprendre l’évolution de la complexité socio-écologique des savanes. Issue d’une recherche doctorale en paysage, cette communication propose d’aborder les pratiques domestico-pastorales du cassi et leur influence dans ses dynamiques. Elle montrera en quoi son statut social auprès des habitants peut avoir un lien direct avec sa trajectoire invasive, en infléchissant la nature et l’intensité des pratiques de cueillette visant à l’exploiter