La ville nouvelle Ali Mendjeli, située à 15 kilomètres de Constantine, est un condensé des paradoxes et des contradictions de la société algérienne. Grands ensembles alignés le long de larges artères, architecture uniforme et monotone, cités d'habitat social non entretenu vieillissant mal et trop vite, terrains vagues en attente de nouveaux projets, éloignement de Constantine et dessertes en transport insuffisantes et vite saturées…, tout indique une villebanlieue. Abritant aujourd'hui environ 200 000 habitants 1, sa genèse et son histoire, sa conception, les étapes de sa réalisation, son peuplement qui dans un premier temps lui faisait jouer le rôle de déversoir de la ville de Constantine, révèlent la nature des politiques urbaines algériennes. Dans cette ville programmée qui plus de 20 ans après sa création porte encore les stigmates de ses origines, des dynamiques du bas, notamment commerciales, se sont greffer aux logiques de l'urbanisme initial. En quelques années, équipements commerciaux et de services à la personne, grands centres commerciaux et boutiques aux enseignes attractives, grands hôtels, vont s'introduire dans les lieux, créant des fonctions non prévues par les plans d'urbanisme et permettant à la ville nouvelle d'attirer une population qui va aujourd'hui bien au-delà de ses seuls habitants.