De nombreux travaux français ont porté sur la question des relations villes-campagne avec des positions souvent contradictoires. Il a été montré que le changement de conception et d’action de ces relations ville-campagne s’effectue en « périodes » marquées par des « tournants » liés le plus souvent à des évènements politiques, économiques ou environnementaux dépassant l’échelle française. Il s’ensuit une évolution dans la désignation des mots et des processus dans le temps et l’espace selon trois sphères politique/institutionnelle, scientifique et de la société civile. L’accélération des problèmes et des crises (montée de la précarité, érosion de la biodiversité, changement climatique, etc.) puis la pandémie mondiale de la Covid-19 ne peuvent qu’avoir des répercussions sur l’évolution idéelle et réelle de ce que l’on nomme depuis peu les « ruralités ». En posant la question de la « régénération rurale », le projet européen Ruralization nous donne l’opportunité d’approfondir ces questions tout en prenant en compte les contextes spécifiques de plusieurs pays de l’Union européenne et invite à une réflexion sur ce qu’est la ruralité aujourd’hui en Europe. Cette communication souhaite présenter plus spécifiquement une réflexion introductive sur les mots du rural en France, aux regards d’autres pays européens, afin de proposer des éléments de définition de la ruralité. Dans une volonté de prolonger des démarches plus anciennes (Mathieu, 1990, 1998), notre objectif est de mettre en perspective, dans le temps long, ce qu’est la ruralité française aujourd’hui et d’en définir les éléments essentiels, ruralité qui aujourd’hui semble se transformer profondément. Cette communication se fonde sur un travail bibliographique, mais également sur des enquêtes de terrains réalisées dans la Manche (Granville Terre et Mer et Coutances Mer et Bocage) et dans la plaine de Versailles (en Île-de-France) ayant permis de constituer un corpus d’enquêtés de plusieurs dizaines d’entretiens.