Cette communication vise à établir un constat : il n’y a ni n’aura pas d’économie sociale et solidaire (ESS) possible indépendamment d’une reconquête de nos imaginaires et de nos pratiques d’usage et de production des énergies. Sans gouvernance collective des choix énergétique, sans maitrise citoyenne des savoirs et des efforts de recherches, sans décolonisation culturelle de l’emprise des énergies fossiles, il est vain d’espérer qu’une quelconque réciprocité aussi bien territoriale que scientifique puisse se mettre en place à l’échelle internationale. Un ensemble d’écrits anthropo-sociologiques, historiques, ainsi que d’expérimentations socio-artistiques ont tenté depuis quelques années dans le monde anglosaxon de s’attaquer à cet état de fait. Ils sont désignés depuis peu sous le terme d’ « energy humanities », ou « humanités énergétiques », et ils visent à déconstruire, par des formes diverses de recherche-action, les fondements intellectuels et mentaux de la pétro-civilisation mondiale contemporaine. Trois grandes lignes de force articulent cette perspective à celle de l’ESS : la déconstruction des pouvoirs énergétiques ; l’articulation des expériences pratiques et des réflexions théoriques ; la bifurcation des imaginaires sociaux.