Le réaffûtage des racloirs Quina est au coeur de la façon dont nous appréhendons et étudions ces supports. C’est souvent à partir des stigmates qui restent que nous tentons d’évaluer le degré d’un cycle de réaffûtage ou la fréquence de cette pratique au sein d’un assemblage. Mais de quoi ces stigmates sont-ils la trace exactement ? Que peuvent-ils nous apprendre concrètement de la succession de différentes opérations sur un même support ? Quelles incidences la lecture de ces stigmates a sur l’interprétation du matériel archéologique ? L’expérimentation que nous avons conduite consistait à appliquer entre chaque phase d’affûtage d’un racloir Quina une couche de vernis coloré sur les stigmates frais. Cette méthode a permis de confronter les interactions entre chaque phase d’affûtage sur un même support. Nous avons ainsi pu déterminer que les stigmates d’une phase d’affûtage recouvrent souvent l’entièreté des stigmates de la phase précédente. Il n’est donc pas possible d’évaluer le « degré » d’affûtage sur la base de l’aspect des stigmates de la retouche écailleuse scalariforme. Dans un second temps, l’expérimentation a également permis d’interroger les stigmates des retouchoirs utilisés pour confectionner et réaffûter les racloirs Quina. La confrontation du matériel expérimental avec le matériel archéologique montre une forte disparité dans l’intensité et la profondeur des stigmates, ce qui permet d’interroger la question de la fréquence d’utilisation des retouchoirs au cours des différentes séquences de confection et d’utilisation des racloirs de type Quina.