L’objectif du projet DEMEXTRA vise à caractériser les modes de gouvernance urbaine par et de l’innovation. Pour se faire, nous formulons deux hypothèses. Premièrement, nous postulons qu’il existe non pas un mais (au moins) trois types de régimes urbains de l’innovation : le régime de démonstration, le régime de l’exploration et le régime de la transformation. Si les deux premiers (démonstration et exploration) décrivent des situations de gouvernance par l’innovation - le plus souvent technologique, le troisième (transformation) pose la question de la gouvernance des innovations issues de la société civile. Sur ces trois modes de régulation urbaine de l’innovation les deux premiers sont soit impulsés, soit accompagnés par les acteurs publics (et/ou privés) locaux ; le troisième au contraire émane d’initiatives individuelles ou collectives susceptibles de perturber le modèle ou régime sociotechnique dominant au point de faire émerger de nouvelle forme de gouvernance urbaine. Notre deuxième hypothèse tient au fait que ces régimes sont situés et s’inscrivent dans une culture locale et territoriale de l’innovation. Loin d’être réductible à la reproduction de « bonnes pratiques », l’innovation urbaine résulte d’un processus endogène, contingenté et tributaire de la capacité des acteurs impliqués à digérer (c’est-à-dire hiérarchiser, prioriser, adapter) les savoirs menant à l’innovation. Aussi proposons-nous d’observer, pour chacun des trois régimes identifiés, des projets phares ou symboliques situés dans des idéaux-types territoriaux. Les villes idéal-typiques seraient Grenoble pour le régime de la démonstration, Nantes pour le régime de l’expérimentation et Madrid pour le régime de la transformation.