Au sein d’un espace habitable limité, les modalités de partage et d’usage de l’écorce terrestre constituent une question éminemment politique. Afin d’étudier les interactions entre rapports au sol successifs et morphogenèse des espaces habités, nous proposons d’interroger le territoire en tant qu’« écosystème foncier ». Selon cette hypothèse théorique, les typomorphologies bâties et paysagères font système avec les trames de relations et de régulations dont le sol fait l’objet, à une échelle d’espace et de temps donnée. La région de l’Oderbruch (Brandebourg, Allemagne) permet d’étudier les interactions entre différents rapports au sol et modes d’habiter. Depuis le XVIIIe siècle, durant lequel ce milieu de marais est poldérisé, l’Oderbruch connaît en effet une succession de réformes foncières menées par des régimes politiques aux idéologies très contrastées. Ce travail analyse conjointement projets économiques, conceptions de la propriété foncière, représentations de la « nature » et conditions matérielles de l’habiter.