Au regard des sciences sociales, la mémoire n’est ni un contenu ni un contenant dans lequel s’accumuleraient des expériences vécues. Elle n’est pas un ensemble d’éléments du passé biographique existant en tant que tels, mais un objet social qui se reconstruit en permanence en fonction du présent (Halbwachs, 1997 : 52). Poser dès lors la question d’une différence de rapport au passé en fonction de l’âge revient à penser « l’« effet d’âge » - conséquence du cycle social de vie, des différents statuts liés à l’âge au sein de la société » et l’« effet de génération », lequel isole la classe d’âge en population historiquement déterminée » (Lavabre, 1981) sur la construction d’une mémoire collective. Autrement dit, dans la mesure où la classification « jeune » ou « vieux » est non seulement socialement et culturellement construite, mais aussi enjeu de luttes (Bourdieu, 1984), quelles sont les interférences entre les deux artefacts : la mémoire et la catégorisation jeunes/vieux ? Ce texte s'appuie sur les contrastes générationnels entre des références au passé sur la base d’un travail de recherche mené en Allemagne de l’Est. Il présente différents récits du passé de la RDA qui se côtoient ou se confrontent au regard des expériences passées et des situations présentes de tel ou tel groupe socialement déterminé par son âge au moment de la réunification allemande.