De nombreux événements historiques ont façonné, au cours des siècles, les relations que l’archipel japonais entretient avec le continent asiatique et les autres continents, dressant un tableau parfois conflictuel, parfois plus conciliant, en évolution permanente au fil du temps. Encore aujourd’hui, il est possible de retrouver des traces de cette tension identitaire au sein des manuels de langues étrangères conçus au Japon. En nous inspirant des réflexions de Wodak sur l’identité nationale et insulaire (2009, 2016), nous examinons la manière dont les auteurs des méthodes de langues construisent - sans jamais les nommer explicitement - des identités nationales, insulaires, propres au Japon. À travers une analyse linguistique des marques déictiques, des topoï, de l’intertextualité et de l’interdiscours, il sera question de mettre en lumière des phénomènes opposés mais coexistants : d’un côté, une polarisation différenciant un « nous » japonais (ou asiatiques) d’un « eux » (souvent occidental), de l’autre un discours opposé rapprochant l'archipel des autres continents (en particulier l’Amérique). Les manuels, ouvrages collectifs où s’entremêlent les voix de plusieurs auteurs, témoignent d’une tension entre la volonté de protéger des caractéristiques socio-culturelles ressenties comme plus fortement identitaires et l’envie de montrer la parfaite intégration du Japon dans le panorama mondial, globalisé, international et interculturel qui se dessine dans cette époque contemporaine.