Antico or Moderno? Reception of Gesualdo’s Madrigals in the Early Seventeenth Century
Résumé
In recent decades scholars have tended to gauge Gesualdo’s “modernity” or “conservatism” according to the relation in which his music stands to contrapuntal rules and their transgression. It is striking, however, that no consensus has ever existed on this issue. Interestingly, the same types of judgments proposed by modern critics (notably Lowinsky and Dahlhaus) can also be found also in the writings of such contemporaries of Gesualdo as Vincenzo Giustiniani, Pietro Della Valle, Giovanni Battista Doni, and Severo Bonini. In the first half of the seventeenth century Gesualdo’s music, though almost always presented as “modern” or “new,” was depicted as both a model of good counterpoint and an example of compositional rule breaking. Severo Bonini’s Discorsi e regole (ca. 1650)—a text that Gesualdo scholars have not taken into account until now—is particularly enlightening for the study of this apparent contradiction. This article analyzes the various phases of the reception of Gesualdo’s madrigals during the first half of the seventeenth century, as well as the way that the modernity of his music—often regarded as an alternative to early baroque accompanied monody—has been continually redefined.
Au cours des dernières décennies, les chercheurs ont eu tendance à évaluer la "modernité" ou le "conservatisme" de Gesualdo en fonction du rapport que sa musique entretient avec les règles contrapuntiques et leur transgression. Il est cependant frappant de constater qu'aucun consensus n'a jamais existé sur cette question. Il est intéressant de noter que les mêmes types de jugements proposés par les critiques modernes (notamment Lowinsky et Dahlhaus) se retrouvent également dans les écrits de contemporains de Gesualdo tels que Vincenzo Giustiniani, Pietro Della Valle, Giovanni Battista Doni et Severo Bonini. Dans la première moitié du dix-septième siècle, la musique de Gesualdo, bien que presque toujours présentée comme "moderne" ou "nouvelle", était décrite à la fois comme un modèle de bon contrepoint et un exemple de rupture des règles de composition. Les Discorsi e regole de Severo Bonini (ca. 1650) - un texte que les spécialistes de Gesualdo n'ont pas pris en compte jusqu'à présent - sont particulièrement éclairants pour l'étude de cette apparente contradiction. Cet article analyse les différentes phases de la réception des madrigaux de Gesualdo au cours de la première moitié du XVIIe siècle, ainsi que la manière dont la modernité de sa musique - souvent considérée comme une alternative à la monodie accompagnée du début du baroque - a été continuellement redéfinie.