Les villes africaines connaissent un phénomène de mutation rapide. Dans un contexte de croissance démographique et d’étalement urbain, comment les acteurs institutionnels planifient-ils les déplacements ? Quelles sont les orientations défendues et à quelles échelles spatiales ? De nouveaux schémas urbains émergent-ils, tenant compte des modes de transport partagés ? Cette communication dresse un état des lieux comparé de la planification des déplacements urbains dans trois grandes agglomérations d’Afrique de l’Ouest : Dakar au Sénégal, Abidjan en Côte d’Ivoire et Accra au Ghana. Elle analyse les documents de planification produits dans ces trois villes depuis les années 1950. Une analyse multicritère est réalisée. L’analyse souligne une planification des transports globalement intégrée aux plans d’aménagement. Ces documents font souvent l’objet d’une coproduction entre les ministères de tutelle et les bailleurs internationaux. Les modes partagés sont traités dans ces documents, dès les années 1990 à Dakar et plus récemment à Abidjan et à Accra, avec la volonté de les formaliser, dans un contexte de déploiement de grands projets de transports urbains (BRT, TER, métro). A Dakar, la planification des transports urbains reste une prérogative étatique et est mise en œuvre par le CETUD, structure déconcentrée du ministère des Transports Terrestres, tandis que les documents d’urbanisme émanent du ministère du Renouveau urbain. A Abidjan, après plusieurs décennies de réalisation de plans d’urbanisme par les acteurs locaux, le gouvernement central reprend la main dès les années 1970. Une fragmentation institutionnelle s’observe entre les communes qui, dès 1980, ont des prérogatives en matière de gestion des transports urbains et les autorités organisatrices des transports, d’abord l’AGETU en 2000, puis récemment l’AMUGA, sous tutelle étatique. A Accra, le processus de décentralisation marqué a entrainé une multiplication des collectivités locales, engendrant un émiettement politique et un manque de personnel qualifié. Une structure de régulation des transports urbains sous tutelle d’une partie des communes du Grand Accra, GAPTE, a été créée en 2014 mais son action reste faible, tandis que la production de documents de planification reste du ressort étatique.