Cent-vingt ans de travaux sur la musette : historiographie, résultats, perspectives
Résumé
Depuis 1894 la musette a retenu de manière discontinue l’attention de quelques connaisseurs, tantôt ou tout à la fois musicographes-musicologues, collectionneurs, musiciens, facteurs. Sa dimension technique, musicale, culturelle, sociale et symbolique a été tour à tour abordée. Ces travaux, essentiellement francophones, sont souvent le reflet de présupposés orientant le regard porté sur cet instrument. Est-il trop symbolique de « l’esprit français » pour avoir suscité l’engagement de musiciens-chercheurs hors de l’hexagone ? L’ajout du qualificatif « de cour », non historique mais mis en usage au moment de son revival des années 1980 pour le distinguer du bal auvergnat qui en avait détourné certains spécimens en lieu de cabrette, a-t-il dissuadé certains chercheurs étrangers de l’étudier au même titre que le hautbois des mêmes décennies ? Son aura de divertissement élitaire, sa sophistication, son raffinement impossibles à cacher, on-t-elles entravé son appropriation par les organologues anglophones et germanophones ? Après l’œuvre de quelques pionniers, et alors qu’aucune monographie de rang international ne lui a encore été consacrée, le temps est peut-être venu d’évaluer l’état de l’art et d’entreprendre des études moins démonstratives, plus archéologiques, voire plus collectives, qui puissent restituer cet instrument dans sa complexité et les étapes de son développement (typologie, évolution, fonctions musicales et symboliques, pratique genrée, circulation, descendance, etc…).
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