L’ensemble des quatre essais – « L’épicurien », « Le stoïcien », « Le platonicien », « Le sceptique » – fait parler, au discours direct libre, quatre voix. Elles expriment chacune également à la première personne une vision, « différentes idées de la vie humaine et du bonheur » qui sont celles de ces « sectes qui se forment naturellement dans le monde », divers sentiments au sens classique d’opinions, eux-mêmes affectés, et même, comme on le verra, causés par des sentiments au sens affectif du terme. Leurs diverses croyances à propos des termes et fins de l’existence humaine sont motivées par diverses passions. Si leurs croyances les plus importantes ont ainsi leurs sources dans des affects, comment peuvent-elles être plus ou moins raisonnables ? Chacune de ces voix est celle d’un goût autant que d’une opinion ; d’un caractère plutôt que d’une théorie. Hume n’a pas pour intention de parler des écoles philosophiques de l’antiquité. Comme il le souligne, il utilise le nom de sectes classiques de manière analogique : les idées de la vie humaine et du bonheur que nous partageons communément se rangent dans l’une au moins de ces quatre rubriques, qui rappellent au philosophe l’une ou l’autre des écoles antiques. Chacun des quatre essais, avec quelques variations significatives, suit la même distribution topique. Il y est question : – de nos conceptions de la nature et de l’art ; corrélativement, de la nature divine et, s’il y a lieu, de l’art divin ; – du type de contrôle de nous-mêmes que nous pouvons ou non exercer et du rôle que la raison peut ou non jouer dans ce contrôle ; corrélativement, des passions qui prédominent ; – de notre vision du bonheur ; corrélativement, de notre attitude devant la mort ; – de nos croyances à propos de la forme de repos ou de salut que nous pouvons trouver ou non au terme de cette existence, ou en son sein.