Dans les décennies 1850 et 1860, le jeune Camille Saint-Saëns mène de front trois activités : pianiste virtuose, organiste titulaire de l’église de la Madeleine et compositeur prolifique. Ses improvisations à l’orgue, qui éblouissent le public parisien, nourrissent son langage compositionnel. Dans certaines œuvres de cette époque, on assiste à la juxtaposition d’un style sévère, témoin d’une formation intensive en contrepoint, et de sections musicales plus libres relevant du genre de la fantaisie. Prenant notamment appui sur les 6 Bagatelles pour piano (1855), la Fantaisie pour orgue en mib majeur (1857), le Premier Concerto pour piano (1858) et l’Introduction et Rondo Capriccioso (1863), cette communication se propose de mettre au jour les caractéristiques stylistiques de ces sections d’allure improvisée, dans lesquelles l’effet instrumental et l’expression spontanée priment sur l’idée musicale. L’étude de la période méconnue mais décisive du début de la carrière de Saint-Saëns permettra de mieux comprendre son style et ses œuvres de maturité.