Créé en 1973, le programme "Eurobaromètre" de la Commission européenne offre, après 40 ans d’existence, une base sans équivalent d’études d’opinion. Le programme a construit sa notoriété sur les EB dits « standards » : sondage réalisés tous les six mois contenant des questions récurrentes (dites « trend-trend ») sur la perception des conjonctures nationale et européenne et sur la confiance envers les institutions ; un questionnaire additionnel à la demande des différentes directions générales de la Commission donnent lieu à des analyses séparées (’EB « spéciaux »). À cette masse d’enquêtes, il faut ajouter deux autres formules d’interrogation des opinions : les EB dits « flash » (« entretiens téléphoniques ad hoc thématiques réalisés à la demande de tout service de la Commission) lancés pendant la réalisation du Marché unique à la fin des années 1980 et les EB dits « qualitatifs » (enquêtes réalisées par entretiens non-directifs ou selon la méthode des focus groups) inaugurés en 2001. Au total, ce sont plus de 500 études transeuropéennes d’opinion qui ont été réalisées pour le compte de la Commission et publiées depuis les années 1970. Outre leur large diffusion matérielle et électronique, les enquêtes EB sont abondamment reprises par les médias d’information et leurs données brutes sont mises à disposition des chercheurs pour des analyses secondaires. Pour ces raisons, ces enquêtes se sont imposées comme le principal appareil de mesure de l’opinion des Européens sur l’UE et ses politiques, alors même qu’une sociologie scrupuleuse conteste le caractère artéfactuel de ladite « opinion publique européenne », obtenue par la soumission d’un même questionnaire à des répondants de différentes nationalités et ne produisant que des agrégats statistiques pour et par une institution de pouvoir.