L'étude sociohistorique des foyers de travailleurs migrants en France, caractéristiques d’un habitat hors-norme et non ordinaire, permet d’observer concrètement l’évolution depuis le début du xxe siècle des modes d’utilisation de la main-d’œuvre immigrée d’une part et des formes de transformations post-coloniales des espaces urbains et des relations entre habitat et travail d’autre part. Mais, à la fois parce que ces ensembles résidentiels donnent à voir une forme de pauvreté vieillissante et altérisée, capable de se mobiliser du fait de sa concentration, et parce que les politiques de logement social sont remises en causes voire abandonnées dans le cadre de la privatisation globale des systèmes de Welfare et de la dérégulation, ils sont l’objet d’une politique d’effacement qui s’accompagne d’une précarisation et d’un harcèlement des habitants de la part des institutions tant répressives que sociales.